Budget fédéral 2018 – Une autre occasion manquée de maximiser le RCI des investissements des Canadiens dans l'innovation

Auteurs):

Russ Roberts, Ph.D.

CATA Alliance

Vice-président principal, fiscalité, finances et plaidoyer

Russ Roberts, Ph.D.

Le budget de 2018 parie lourdement sur le bien-être des Canadiens sur les investissements dans l'innovation scientifique et technologique, ignorant apparemment le problème central de ces investissements : le retour sur investissement (ROI) et le moment où il est obtenu.

Étant donné que les investissements de ces gouvernements sont généralement axés sur les activités précommerciales et que le rendement pour les Canadiens n'augmente que très lentement, il y a un sérieux problème quant à savoir dans quelle mesure les Canadiens en bénéficieront ou si les succès se répercuteront simplement sur d'autres pays à mesure que nos entreprises en démarrage sont acquis à l'étranger et nos diplômés et technologues partent. Même si cela ne se produisait pas, et l'histoire le dit, la forte orientation de ce budget vers le milieu universitaire, tout en ignorant l'environnement de commercialisation retardée dans lequel les entreprises travaillent actuellement, est une occasion manquée. Certains pourraient considérer cela comme un investissement imprudent de l'argent des contribuables.

Les améliorations réalisables suivantes sont reconnues par la communauté des affaires comme importantes pour améliorer le climat d'investissement :
• éliminer les distorsions du régime fiscal à la croissance des petites et moyennes entreprises (PME) au Canada;
• corriger le Programme d'encouragements fiscaux pour la recherche scientifique et le développement expérimental (RS&DE) de près de 3 milliards de dollars afin qu'il soit stable, prévisible du point de vue de ses utilisateurs et mieux orienté pour soutenir ce que font les entreprises dans le monde réel, c'est-à-dire le développement rapide de l'innovation technologique – pas la recherche ; et
• créer des récompenses dans le système pour les entreprises qui font croître leurs innovations canadiennes par l'exportation.

Tout est fait par nos concurrents qui semblent plus soucieux d'obtenir le meilleur retour possible sur leurs investissements. La communauté des affaires a souligné ces opportunités au gouvernement. Un engagement à réformer l'environnement fiscal des entreprises par le gouvernement, bien fait, pourrait grandement contribuer à améliorer le retour sur investissement de ce que ce budget engage les Canadiens à dépenser pour les efforts en matière de science et d'innovation. Et, il aurait été bien accueilli dans le milieu des affaires. Dans l'état actuel des choses, avec la forte orientation du budget vers la science et le monde universitaire, une grande partie du retour pourrait ne se produire que dans un avenir lointain et être limitée en raison d'une fuite importante de propriété intellectuelle (propriété intellectuelle) et de travailleurs du savoir qualifiés vers d'autres pays.

Le Comité sénatorial permanent des finances nationales a constaté que les Canadiens perdent confiance dans le régime fiscal et son équité. De plus, les fiscalistes et les comptables disent que l'ARC est brisée. Le Comité sénatorial permanent demande un examen indépendant et complet du régime fiscal. (1) La communauté demande une révision similaire. Le ministre des Finances a dit qu'il voulait voir ce qui se passerait avec l'ALENA. Un point légitime, mais une préoccupation est qu'un examen fiscal de cette nature prend intrinsèquement du temps pour bien faire et il y a beaucoup de raisons invoquées qui justifient un examen en plus de ce qui se passe au sud de la frontière.

Le budget de l'an dernier annonçait que le programme de RS&DE serait revu. Il a fallu des mois pour savoir qui est responsable et il semble maintenant qu'il s'agisse d'un examen relativement intériorisé mené par des fonctionnaires du ministère des Finances qui disent qu'ils ne consulteront PAS. Par conséquent, l'examen du programme par les Finances n'aura pas l'avantage de consultations publiques transparentes avec les utilisateurs du programme pour comprendre pourquoi le programme de la RS&DE suscite actuellement des inquiétudes.

N'est-il pas temps que le gouvernement fasse un pas en arrière et mette de côté la lutte qui s'est produite avec ses efforts de réforme fiscale des petites entreprises? Compte tenu des défis économiques qui s'annoncent, n'est-il pas préférable pour nous tous de procéder à un examen rapide et de créer un environnement plus efficace et concurrentiel à l'échelle internationale pour que nos entreprises puissent croître ici au Canada?

Ne pouvons-nous pas améliorer l'environnement fiscal pour obtenir un rendement accru sur nos investissements en offrant aux entreprises de meilleurs incitatifs pour exploiter leurs succès ici au Canada?

Le gouvernement doit changer d'attitude et reconnaître :
• la nécessité de développer une approche centrée sur la commercialisation ; et
• que les entreprises ont des préoccupations légitimes qui entravent leur volonté d'accroître au maximum leurs investissements dans l'innovation ici au Canada.

La réalité est qu'un environnement commercial beaucoup plus productif peut être créé. Cela donnerait à tous les Canadiens un bien meilleur rendement de leurs investissements dans les sciences, la technologie et l'innovation. Espérons que les prochains budgets en tiendront compte.

FIN DE NOTES
(1) Rapport du Comité sénatorial permanent des finances nationales, « Une fiscalité équitable, simple et concurrentielle : La voie à suivre pour le Canada », décembre 2017.