2050 est sur toutes les lèvres. Enfin, dans une certaine chambre d’écho qui y travaille d’arrache-pied depuis des années. Pour d’autres, malheureusement, les changements climatiques restent un problème — inquiétant certes — mais qui, selon eux, ne concerne pas directement leur emploi.

L’un des principaux obstacles aux objectifs ambitieux du gouvernement est le travail en silo. Les actions des différents ministères, du milieu de la recherche et de la société civile ne sont pas suffisamment coordonnées. De plus, la société en général n’est pas encore mobilisée dans cette lutte pour le bien commun.

J’ai souvent entendu des “je ne suis pas biologiste, moi” et des “c’est quoi le rapport avec mon travail?”. Ces remarques montrent bien que l’aspect complexe et englobant des changements climatiques n’est pas encore suffisamment explicite.

Ces silos limitent l’efficacité des initiatives et empêchent une approche cohérente et intégrée. Cet article explore les défis posés par ces silos et propose des solutions pour encourager une collaboration plus étroite et efficace entre les niveaux de gouvernance.

La Nécessité de se rallier avec un imaginaire commun

Pour atteindre les objectifs de neutralité carbone, il est essentiel de créer un imaginaire commun. Se projeter dans le monde dont nous avons besoin et que nous voulons. Se permettre de rêver pour mieux planifier et agir.

Cela ne peut être réalisé en travaillant en silo. Les changements climatiques sont des enjeux transdisciplinaires qui nécessitent une approche holistique. Cela signifie briser les barrières entre les ministères, les disciplines scientifiques, les communautés et les niveaux de gouvernement pour travailler ensemble. En synergie, de façon collaborative, en mettant en commun les idées et les ressources.

Pour réaliser des changements transformateurs, il faut que nous regardions tous dans la même direction, que nous soyons rassemblés autour d’une vision commune. Que les diverses expertises de notre société et de notre économie y contribuent à leur façon.

Pour l’instant, il semblerait qu’alors qu’un groupe se démène pour faire bouger l’aiguille dans la bonne direction, le statu quo prévaut ailleurs. On fait alors un pas de côté et un pas en arrière à cause de notre business as usual.

Coopérations interministérielles : un défi à relever

Les efforts gouvernementaux pour lutter contre le changement climatique sont souvent fragmentés par les juridictions fédérales, provinciales et municipales. Chaque niveau de gouvernement peut avoir ses propres priorités et initiatives, mais sans une coordination efficace, ces efforts peuvent se chevaucher ou se contredire. Par exemple, des projets d’infrastructure routière peuvent ne pas tenir compte des recommandations environnementales, ou des projets de développement économique peuvent nuire à la biodiversité.

C’est comme si, alors que certains tricotent un chemin vers la carboneutralité, d’autres défont les fils de l’autre côté.

Il est nécessaire de développer des stratégies transversales qui nécessitent la coopération interministérielle. La mise en place de comités de coordination et de plans d’action intégrés peut aider à aligner les efforts et à maximiser l’impact des politiques publiques.

Intégration des connaissances : un atout négligé

Le milieu de la recherche se penche sur divers sujets clés depuis des décennies. Mais ces connaissances sont-elles intégrées dans les décisions gouvernementales ? Pas assez !

Trop souvent menée de manière isolée, même entre disciplines académiques, il est plus difficile de voir de tels travaux engendrer des transformations en dehors du milieu académique sans partenariat. Heureusement, de plus en plus de projets de recherche voient le jour avec des partenaires qui apportent une connaissance du terrain et permettent de mettre en application “dans le vrai monde” plus facilement qu’auparavant.

Les collaborations interdisciplinaires et avec des parties prenantes variées seront indispensables pour contribuer à une meilleure compréhension, à l’élaboration de solutions adaptées et à la mise en application concrète des avancées de la recherche.

Moins de silos – plus de synergie et de cohérence

Nous ne tirons pas suffisamment parti des connaissances que nous possédons. Pour atteindre les objectifs de carboneutralité, il ne s’agit pas d’attendre l’arrivée de nouvelles technologies, mais d’utiliser celles dont nous disposons de manière plus efficace et rapide. Une collaboration accrue et un partage d’informations entre les différentes parties prenantes — gouvernements, chercheurs, entreprises et communautés — sont cruciaux pour maximiser l’impact des initiatives climatiques.

La coopération est donc essentielle pour tirer parti des technologies disponibles et accélérer leur déploiement. Les données et les informations doivent être partagées ouvertement pour permettre une meilleure prise de décision et un suivi des progrès. Le partage des données et des ressources est indispensable pour combler les lacunes en matière de connaissances et optimiser les efforts climatiques. En facilitant l’échange d’informations, nous pouvons identifier plus rapidement les meilleures pratiques et adapter les solutions aux contextes locaux, assurant ainsi une action climatique plus cohérente et efficace.

Il n’y a pas de solutions uniques et il y a bien sûr toujours place à plus d’innovations. Cependant, de nombreuses solutions sont déjà à portée de main et pourtant pas assez déployées sur nos territoires. C’est là que des actions multipartites et transdisciplinaires sont essentielles pour accélérer la mise en œuvre. Et surtout avec une synergie et cohérence qui permet de vraiment avoir des effets transformateurs sur le long terme qui sont cruciaux dans l’atteinte de la carboneutralité.

Etude de cas : les Plans climats

Un exemple inspirant de collaboration intergouvernementale et multipartite est le programme annoncé par le gouvernement du Québec pour l’adaptation et l’atténuation. Cette initiative a été lancée conjointement par le ministre de l’Environnement et la ministre des Affaires municipales. Le programme est structuré de manière à ce que les plans climat soient rédigés par les MRC (Municipalités régionales de comté) et approuvés par le ministère de l’Environnement, tandis que le ministère des Affaires municipales sera responsable de la mise en œuvre avec les municipalités.

Les municipalités sont encouragées à faire appel à diverses expertises locales pour élaborer leurs plans climat. Ces plans incluront des mesures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et s’adapter aux changements climatiques, telles que la décarbonisation des bâtiments municipaux, l’électrification des flottes de véhicules et le développement de secteurs plus résilients contre les îlots de chaleur.

Bien que ces initiatives soient encore à leurs débuts, les retours des différentes parties prenantes sont globalement positifs jusqu’à présent. J’ai bien hâte de voir ce qui va émerger de ces collaborations habilitantes pour les municipalités.

Une mobilisation collective pour ENFIN passer à l’action

Pour atteindre les objectifs de carboneutralité, il est crucial d’adopter une approche intégrée et collaborative. Cela signifie briser les silos et encourager la synergie entre les ministères, les disciplines scientifiques, les communautés et les niveaux de gouvernement. Chaque acteur a une expertise unique à apporter dans la construction d’un avenir carboneutre.

Il est temps que chacun joue son rôle pour construire l’avenir durable dont nous avons besoin. Ce n’est qu’en partageant nos ressources et en travaillant ensemble que nous pourrons créer un Canada résilient et prospère. Notre succès repose sur la mobilisation collective et l’engagement de tous.

La collaboration, l’innovation et l’action concrète sont les clés pour relever ce défi. Ensemble, nous pouvons transformer notre vision en réalité, dépasser les obstacles et avancer vers un avenir où notre pays est à la hauteur de ses ambitions climatiques.

Ensemble, nous irons plus loin. Il est grand temps de se mettre en action avec plus de conviction.